La passion de défendre
A partir d’une Conférence de Jacques Vergès, organisée par le professeur Piermarco Zen-Ruffinen, à la Faculté de droit de Neuchâtel, le 14 mai 2009.
Le procès, une tragédie en cours d’écriture
Un dossier de justice, c’est toujours le début d’un roman, le commencement d’une tragédie
Quand on éprouve une passion il est nécessaire d’en rechercher la source, d’en connaître le pourquoi. Eprouvant la passion de défendre, j’ai voulu moi aussi savoir pourquoi cette passion. Et pour cela, quoi de plus simple que de consulter les dossiers qui nous sont offerts, les dossiers de justice dont nous avons la charge.
Et là nous découvrons l’évidence, à savoir qu’un dossier de justice, c’est toujours le début d’un roman, le commencement d’une tragédie. Mais ce roman, cette tragédie sont inachevés, et de ce drame en train de se dérouler devant nous, nous sommes, nous avocats, successivement les spectateurs puis les confidents du personnage principal, celui qui donne son nom à la tragédie et qui est toujours l’accusé voire le criminel : Macbeth, Othello, Faust… Nous sommes aussi les co-auteurs, nous allons aider notre client à vivre le cinquième acte de sa tragédie à écrire l’épilogue de son roman.
De cette parenté fort belle qui existe entre ce que j’appelle l’œuvre judiciaire et l’œuvre littéraire je voudrais vous donner un exemple.
Antigone et le procès de rupture
Quand Sophocle, il y a vingt-cinq siècles, décide de raconter aux citoyens d’Athènes l’histoire d’Antigone, il choisit la forme d’une tragédie. Mais quand nous assistons à cette tragédie aujourd’hui nous croyons assister à un procès. Cette tragédie se déroule absolument comme un procès, il ne manque même pas, au départ, le débat de procédure. Quelle est la loi applicable : est-ce la loi de la cité, sont-ce les ordonnances du roi Créon ?
J’interdis qu’on rende les honneurs funèbres à Polynice, traitre à sa patrie, j’ordonne que sa charogne soit livrée aux corbeaux et aux chiens.
ou, bien au contraire, est-ce la loi divine qu’évoque Antigone :
Il ne t’appartient pas de me séparer des miens, j’ensevelirai mon frère et si c’est là un crime, eh bien, je serai sainte dans mon crime.
Nous sommes là, curieusement, devant ce que j’appellerai plus tard un procès de rupture, c’est-à-dire procès où les valeurs dont se réclame l’accusé, et les valeurs qu’évoquent le juge sont parfaitement contradictoires.
Comme dans tout procès ordinaire, il y a le rapport des policiers. Cachés sur la colline, ils observent le cadavre de loin pour voir si quelqu’un va enfreindre les ordres du roi. Et un soir ils voient une jeune femme qui se livre à des libations. Ils l’arrêtent, c’est Antigone.
Et puis la tragédie continue comme dans un procès, c’est l’interrogatoire au fond de l’accusé. Il est bref puisqu’Antigone ne conteste pas les faits. Mais un accusé qui conteste les fondements de la cité, qui oppose sa vision du droit et de la morale à la raison d’état, sait qu’il encourt la peine suprême. Car il apparaît comme un ennemi irréductible de l’ordre social. Et plus il est sincère, plus il apparaît comme dangereux. Alors son réflexe est d’appeler au secours, au secours contre le juge.
Et cela, aujourd’hui, il le fera par l’intermédiaire de son avocat, en s’adressant aux médias, aux syndicats aux organisations diverses de défense des droits de l’homme ou de la femme. Mais à l’époque, dans la ville de Thèbes il y a vingt-cinq siècles, il n’y a pas de syndicats, il n’y a pas de médias ! Alors Antigone s’adresse au chœur : « voyez comment on traite une princesse de Thèbes ! ».
Mais le chœur a la réaction de l’opinion au départ de tout procès, le chœur a une réaction démocratique : même si la loi est dure, elle doit s’appliquer à tous, il n’y a pas de privilèges. Et c’est ce que le chœur lui répond : « la loi est dure mais doit s’appliquer à tous et même aux morts ». Antigone est perdue. Elle est condamnée à mourir de faim, enfermée vivante dans une prison de pierre.
Mais un grand procès ne s’arrête jamais au baisser de rideau. Un grand procès ébranle la cité, un grand procès laisse un sillage à travers des siècles et le procès d’Antigone est un très grand procès puisque c’est le conflit permanent entre la morale et la raison d’état.
Bientôt Tirésias, le devin, annonce au roi que les dieux mécontents refusent les présents qu’il leur offre. Bientôt un messager affolé arrive, essoufflé, annonçant au roi que son propre fils, Hémon, s’est rendu lui aussi, vivant, dans la tombe-prison d’Antigone. Le roi se précipite, entre dans la tombe-prison, voit son fils à genoux devant le cadavre d’Antigone qui s’est pendue. Voyant son père, Hémon se lève, tire son épée du fourreau pour le tuer, puis reculant devant le parricide, lui crache sa haine et son mépris au visage et retourne l’arme contre lui-même. Le désastre est- il consommé ? Pas encore. Il reste au roi, de retour dans son palais et d’apprendre que la reine est devenue folle.
Romans, tragédies : encyclopédies des transgressions
Rappelez-vous le dernier roman qui vous a bouleversé, le dernier film qui vous a séduit, de quoi est-il question ? D’une remise en cause de l’ordre du monde.
Donc cette parenté formelle évidente entre l’œuvre judiciaire et l’œuvre littéraire n’est pas fortuite, elle ne résulte pas d’une coïncidence, d’un accident, elle correspond à une parenté de fond. Rappelez-vous le dernier roman qui vous a bouleversé, le dernier film qui vous a séduit, de quoi est-il question ? D’une remise en cause de l’ordre du monde. Et c’est ce que fait Antigone. Elle remet en cause la notion de raison d’état. C’est ce que fera Jeanne d’Arc au moyen âge, elle va remettre en cause le rôle de l’Eglise.
Et si vous vous reportez à tous les romans, à toutes les tragédies, vous pourriez construire une encyclopédie complète de toutes les transgressions possibles et imaginables. L’inceste, vous le trouverez dans les Cenci, le drame de Percy Shelley ; mais aussi avec Hérodiade l’épouse incestueuse de son oncle dans l’opéra de Massenet ; l’adultère avec Francesca da Rimini, dans l’Enfer de Dante ; la pédophilie dans Lolita le roman de Nabokov et même la zoophilie dans le beau poème dramatique d’Henri de Montherlant, Pasiphaé.
Sans compter toutes les variétés de meurtre : meurtre politique chez Ernst Von Salomon ; meurtre crapuleux chez James M. Cain, Le facteur sonne toujours deux fois ; meurtre métaphysique chez J. L. Borges. Et la littérature pieuse n’est pas en reste, elle nous offre Caïn meurtrier de son frère elle nous offre aussi le beau David et la belle Bethsabée, amants adultérins, tous les deux combinant la mort du mari trompé.
Et ce qui est frappant, c’est que dans toutes ces œuvres tirées de l’imagination ou de la vie, le personnage principal, celui qu’on appelle le héros, celui qui donne son nom au roman ou à la tragédie, Faust, Don Juan, les frères Karamazov, c’est toujours celui qui commet la transgression. Et quand un producteur de cinéma voudra sortir un film, qui va-t-il prendre pour incarner le criminel ? L’acteur le plus populaire, le plus charismatique. Julien Sorel, de Stendhal, auteur d’une tentative de meurtre sur une dame qui fut sa maîtresse, aura toujours pour nous le charme de Gérard Philipe, dans le film de Claude Autan-Lara. Landru, le serial killer à la française, sera incarné par l’acteur mondialement le plus célèbre, le plus sympathique, Charlie Chaplin dans Monsieur Verdoux. Et la terrible impératrice rouge aura le charme vénéneux de Marlène Dietrich. Alors ne vous étonnez pas si Serge Gainsbourg éprouve un jour le besoin de chanter la mort de Bonnie and Clyde, amants enlacés après avoir commis onze assassinats, si Robert Desnos, poète délicieux, éprouve le besoin de chanter la rengaine de Fantômas, le criminel absolu.
Les criminels sont nos semblables
Les criminels sont nos semblables, ce sont des hommes comme nous. Ils ont, comme nous, deux yeux, deux mains, un sexe et un cœur. Les mots sur leurs lèvres ont le même sens que dans notre bouche, nous comprenons leur silence, ils comprennent notre sourire. Il n’est pas vrai que le monde soit divisé entre “Les hommes et les autres”, selon le titre fallacieux d’un roman d’Elio Vittorini, paru au lendemain de la dernière guerre. Il y a les hommes et les hommes. Les encore innocents et les déjà coupables.
Et je voudrais à ce sujet évoquer un témoin irréprochable, le juge Falcone. Le juge Falcone a consacré sa vie à combattre la mafia, et il en est mort. Et que dit le juge Falcone ? Pour être efficace dans la lutte contre la mafia, il ne faut pas considérer la mafia comme un monstre, comme un cancer. Car les mafieux sont des hommes comme nous. Et c’est l’évidence ! Si les mafieux étaient des martiens, nous ne pourrions pas les combattre, on ne comprendrait rien à leur démarche, leurs forces et leurs faiblesses, à leurs buts. Mais si ce sont des hommes comme nous, alors nous pouvons deviner ce qui les pousse à agir, ce qu’ils craignent, ce qu’ils veulent, leur démarche en somme. Et nous pouvons nous y opposer.
Cette erreur qui consiste à penser que le criminel est différent de nous, vient que nous pensons souvent que le crime est un signe de bestialité. C’est le contraire ! Le crime est un signe d’hominisation. Il n’y a pas d’infraction sur les animaux, les animaux obéissent à leurs instincts ! Avez-vous entendu un jour parler de moutons remettant en cause l’ordre du monde ? Avez-vous un jour un jour entendu parler d’abeilles faisons une révolution dans la ruche, renversant la reine la guillotinant peut-être, et instaurant la république une et indivisible ?
Pas du tout c’est seulement dans la société humaine que nous passons notre temps à faire des lois et ensuite à les violer. Bénédiction, malédiction, je ne sais. Et ce que je dis là n’est pas contraire à l’enseignement de la bible. Nos ancêtres, paraît-il, vivaient heureux au jardin d’Eden, heureux comme des oiseaux dans le ciel, comme des poissons dans la mer, heureux sans remords mais sans rêve aussi. Et sans libre arbitre. Et c’est du jour où nos ancêtres ont goûté au fruit de l’arbre de la connaissance, de l’arbre du bien et du mal qu’ils ont été chassés du paradis et que nous vivons tous depuis dans le péché.
Mais les animaux ne connaissent pas ces soucis les abeilles de la ruche butinent et butinent encore, et puis un jour meurent, et d’autres aux abeilles à leur suite butinent et butineront encore. Les reines pondent et pondent encore, et puis un jour meurent et d’autres reines vont pondre à leur suite. Et la ruche est répétitive et les abeilles sont interchangeables.
C’est seulement dans la société humaine qu’un jour, les hommes faisant du crime le signe de leur liberté font la grève, alors que la grève est encore interdite. C’est seulement dans la société humaine que les femmes faisant du crime le signe de leur liberté, se font avorter alors que l’avortement est encore interdit. Et du même coup la société humaine change. Elle évolue, l’histoire apparaît. Chacun de nous, alors, n’est plus interchangeable avec les autres, chacun de nous a un destin, pour le meilleur ou pour le pire. Il y a ceux qui font la grève et il y a ceux qui la brisent, celles qui se font avorter et celles qui font des enfants.
Il suffit d’une vie d’homme pour constater à quel point l’interdit d’aujourd’hui peut devenir la règle de demain. Quand j’étais avocat stagiaire j’ai été commis souvent pour défendre des jeunes femmes qui s’était fait avorter, souvent des étudiantes. C’étaient des procès d’une tristesse absolue. Elles finissaient par culpabiliser, par se sentir criminelles. Surtout quand un procureur à la voix de stentor, les fixant droit dans les yeux, s’écriait : « vous venez de détruire une vie humaine issus de votre chair ». Humiliées d’avoir à s’asseoir sur ce qu’elles appelaient le banc d’infamie, à côté de la faiseuse d’anges, affolées à l’idée que dans la salle puisse se trouver un journaliste indiscret qui, rendant compte du procès, citât leur nom.
Aujourd’hui je les imagine, devenues mères de famille à leur tour, penchées à la fenêtre regarder leurs enfants adolescentes, dont la santé et le comportement les intriguaient et les inquiétaient depuis quelques temps, se rendre à la pharmacie avec l’ordonnance d’un médecin qui ne risque plus rien. Celui qui risque aujourd’hui la prison, c’est l’énergumène qui viendrait dans une clinique vouloir empêcher ce qu’il appelle un avortement, et ce que la loi lui commande désormais d’appeler une interruption volontaire de grossesse.
Le procès de rupture
Je vous ai parlé d’Antigone. Antigone, dès le départ de son procès, sait que la mort est au bout de sa trajectoire. Parce qu’elle est seule, face au pouvoir qu’elle a défié, qu’elle a appelé au secours et que personne ne lui a répondu. Elle ressemble à ce chevalier de Dürer qui avance à travers la forêt, fixant droit devant lui un horizon vide, pour ne pas voir la mort et la raison d’état à ses côtés qui ricanent. Mais aujourd’hui les choses ont changé. Il suffit qu’un homme ou une femme se batte avec courage au cours de son procès, pour qu’à l’autre bout du monde d’autres hommes se lèvent pour le défendre.
Quand te nomme un héros, tous les hommes se lèvent, Hélène ô liberté ô révolutions
s’écriait Guillaume Apollinaire.
La bataille d’Alger
L’idée du procès du rupture, qu’on a évoqué tout à l’heure, m’est venue au cours de la bataille d’Alger. En 1957, les autorités françaises avaient arrêté tous les avocats algériens, et les prisonniers du FLN étaient donc désormais défendus par des avocats français de gauche. Vieux routiers de la défense anti-colonialiste, vieux routiers des cours d’assises ; ils voulaient appliquer à ces procès-là, devant les tribunaux militaires, en Algérie, la stratégie qu’ils avaient devant les tribunaux et les cours d’assises en France :
Messieurs, regardez mon client, il a 60 ans, il a six enfants il n’a jamais été condamné… Messieurs, regardez mon client, il a 20 ans c’est un enfant modèle, c’est un étudiant brillant, il avait tous les titres pour obtenir la place à laquelle il postulait. Mais on lui a préféré un candidat d’origine européenne qui n’avaient pas les mêmes titres. Alors il s’est révolté, il a commis cet attentat, que nous condamnons bien sûr, que vous devez condamner, mais en tenant compte quand même de l’injustice dont il a souffert.
Et nous, jeunes avocats, ont dit à nos aînés : votre stratégie est nulle, vous allez à la catastrophe ! Parce que les valeurs des juges et les valeurs des accusés sont trop contradictoires. Pour le juge, l’accusé est un citoyen français. Il a pour cela, à ses yeux, d’excellents arguments : la constitution de la République et la reconnaissance, par la communauté internationale, du caractère français les trois départements algériens. Par conséquent, le FLN est une association de malfaiteurs, l’attentat un crime et l’accusé un criminel.
Et pour l’accusé, les choses sont entièrement différentes. L’accusé répond : votre constitution dit ce qu’elle veut, moi je sais que je ne suis pas français, vous le savez aussi. Ma langue maternelle n’est pas le français, le dieu que j’adore n’est pas le vôtre, mes références historiques ne sont pas les vôtres. Vous parlez de Vercingétorix, moi je parle de Jugurtha. Mes références intellectuelles ne sont pas les vôtres : vous parlez de Voltaire et de Rousseau je parle d’Ibn Khaldoun et d’Ibn Battuta. Vous dites que je suis un criminel, mais moi je dis que c’est vous les juges, qui êtes des criminels, parce que vous prétendez, par la force, maintenir dans ce pays un ordre colonial que j’estime injuste.
A sincérité égale, et sans prendre parti, il faut bien constater que nous avons là deux discours qui ne peuvent jamais se rencontrer. Que le dialogue n’est pas possible que nous faisons deux monologues qui ne se croiseront jamais. Et plus l’accusé apparaîtra sincère, plus il apparaîtra, comme Antigone, un accusé dangereux. Dans le doute, il faut le condamner. Parce que celui qui dit « je suis prêt à faire un attentat » est plus dangereux que celui qui dit « j’en ai fait un mais je le regrette ». A ce moment-là, la condamnation à mort est inévitable. Et nos aînés nous disaient : « vous êtes tombés sur la tête les douze petits jeunots. Vous croyez que vous allez faire reculer l’Etat ? ». On leur dit « c’est ce qu’on essaye de faire. Nous ne sommes pas sûrs de la victoire mais c’est la seule issue. La condamnation à mort, nous ne pourrons pas l’éviter parce qu’elle dépend des juges. Mais l’exécution, nous pouvons l’éviter si nous mobilisons l’opinion parce que là, ça dépend du pouvoir politique ».
Or, dans un procès, le débat est oral, la presse est présente. Nous pouvons expliquer à la presse les motivations de nos clients. Leur dire : « écoutez, vous pouvez approuver le combat de ces hommes ou pas, vous devrez reconnaître qu’ils se considèrent comme des patriotes, que ce ne sont pas des gangsters. Quand ils tuent, ce n’est pas pour faire la poche du cadavre. Et que les condamner à mort dans ces conditions est une monstruosité. Ils devraient être protégés par les conventions de Genève !
Et puis nous avions un avantage aussi. Nous avions l’habitude de plaider devant les cours d’assises ou, parfois, nos clients risquent beaucoup. Et pour cela, nous essayons de comprendre l’adversaire. Mais les juges militaires, en face de nous, n’essayaient pas de nous comprendre, c’étaient des écorchés vifs. Certains d’entre eux revenaient d’une embuscade où leurs camarades avaient été tués par les amis de clients… Dans la salle, le public qui remuait et qui nous insultait, c’étaient des pieds noirs, nés dans ce pays-là, estimant ce pays être le leur, et qui tremblaient à l’idée d’avoir le quitter si nos clients l’emportaient. C’étaient des écorchés vifs, ils ne résonnaient plus, ils réagissaient ; et passaient leur temps à nous injurier, et transformaient la majesté du tribunal en un souk.
Ce qui nous permettait de dire devant la presse : « monsieur le président, suis-je ici devant une cour de justice où dans un meeting d’assassinat ? » Le président n’avait pas grand-chose à nous répondre. Et puis il ne suffisait pas de s’adresser à la presse présente, il fallait s’adresser à la presse qui n’était pas présente. Ca n’est pas prévu par le code de procédure pénale mais ce n’est pas interdit non plus ! Et donc un jour, je quittais le procès où j’étais, je venais à Paris, je tenais une conférence de presse pour critiquer la justice militaire. Et pour cela, je n’évoquais pas Trotski, j’évoquais Clémenceau, le père la patrie. Clémenceau qui disait : « la justice militaire ressemble à la justice comme la musique militaire ressemble à la musique ! » Et puis je revenais à Alger où mon départ avait causé du bruit, et mon retour également.
L’affaire Djamila Bouhired
L’affaire dont je m’occupais était le procès d’une poseuse de bombes, des bombes posées dans des lieux publics. Le tribunal voulait faire le procès de ce qu’il appelait le terrorisme aveugle. Et nous, à la défense, nous voulions faire le procès de la torture. Alors d’un côté on criait « terrorisme aveugle ! », de l’autre on criait « torture ! ».
Et le dernier jour ma cliente est condamnée à mort. Le président lui annonce qu’elle est condamnée à mort : elle éclate de rire. Et le président, surpris, a cette réflexion digne de figurer dans une anthologie d’humour noir : « mais ne riez pas mademoiselle, c’est grave d’être condamnée à mort !». Et je comprenais que le procès commençait à dériver. Parce que le lendemain la presse coloniale de s’interroger : pourquoi ce rire ? Mais cette question est déjà sacrilège. Quand un accusé rie de sa condamnation, c’est qu’il ne prend pas au sérieux le tribunal. C’est qu’il considère que le tribunal n’est pas un tribunal sérieux, équitable, serein ; qu’il mérite ne pas ce nom. Le soir du verdict une foule, à l’extérieur du tribunal, m’attendait, aux cris de « avocat pourri, avocat vendu ».
J’allais en Angleterre m’adresser aux députés travaillistes, j’allais à Bruxelles m’adresser à la ligue des droits de l’homme, je venais à Genève rencontrer le conseil mondial des églises. Et puis le FLN prenait le relais auprès des chefs d’états arabes, des chefs d’état du tiers-monde. Et, à quelques signes, je comprenais que les choses bougeaient. L’Union des Femmes de Norvège m’informait qu’elles intervenaient auprès du président Coty, pour que ma cliente fût graciée. La jeunesse libre allemande également. Le maire de Jakarta lui offrait l’asile chez lui. Et puis, comme une provocation aux yeux de certains, le maréchal Voroshilov, président de l’union soviétique, le pandit Néru, président de l’union indienne demandaient officiellement à la France la grâce de ma cliente. Et puis, divine surprise, j’ai appris qu’en orient, des foules nombreuses se rendaient dans des salles voir le dernier film de Youssef Chahine le grand cinéaste égyptien, mort récemment, intitulé Djamila l’algérienne.
Et je comprenais que le procès avait été comme un roman, comme une œuvre littéraire, créateur d’un personnage. Ce n’était plus Djamila Bouhired, c’était Djamila l’algérienne, elle incarnait la jeunesse d’Algérie. Alors le président Coty, dont on dit qu’il était un brave homme, qui n’hésitait pas à envoyer parfois à la guillotine des jeunes gens par groupes de cinq - il appelait ça une main ; le bourreau ayant dit que six c’était trop fatigant, il se dit, ce jour-là, envoyer cinq jeunes gens c’est possible. Mais envoyer le symbole de la jeunesse algérienne, alors que l’univers a les yeux fixés sur moi grâce à ces salauds d’avocats, cela pourrait apparaître comme une provocation. Alors il eut le réflexe, disons d’humanité ou de prudence, il la gracia. Alors qu’elle ne lui avait rien demandé, ni moi non plus puisqu’elle me l’avait interdit ! Et du coup nous comprîmes que désormais, plus aucune femme ne serait exécutée. Et du coup de tous les clients que j’ai eus par la suite, condamnés à mort, aucun n’a été exécuté. Il est vrai, qu’entre temps, le général de Gaulle avait remplacé Maitre Coty.
Ainsi la défense de rupture avait fait son œuvre. Nous pouvions être vainqueurs dans ce combat en apparence inégal et le chevalier de durèrent pouvait avancer désormais. Il n’a plus qu’à fixer l’horizon, l’horizon n’est plus vide. Toute une foule l’attend avec des drapeaux pour l’acclamer. Quant à la mort et à la raison d’état ils se sont enfuis, vaincus.
Les défendre tous
Assumer l’humanité tout entière
Vous comprenez que ce genre de défense est exaltant. C’est toujours exaltant de voir un homme, ou une femme, prêt à sacrifier sa vie pour son idéal. Cela suppose une grave crise morale politique sociale dans un pays, cela suppose la guerre civile où la guerre étrangère. Mais quand la guerre est terminée va-t-on rester sur les cimes respirer pour rien un air raréfié ? Connaître pour rien le mal des montagnes ? Il nous faut, nous avocats, retourner dans la plaine, retrouver des gens semblables à nous, des hommes ordinaires, des hommes sans qualité. Et rien n’est plus déplacé en effet que la condescendance de certains pour ce qu’on appelle le droit commun.
Un jour, une admiratrice écrivait à Jacques Isorni : « Monsieur quand on a défendu le maréchal Pétain on ne défend pas les putes ! ». Elle avait bien tort, les putes sont des êtres humains aussi ! Et d’autre part il faut bien comprendre, contrairement ce que beaucoup de gens pensent, que défendre ce n’est pas excuser. Hippocrate disait « je ne soigne pas la maladie, je soigne le malade ». Et moi je dis « avocats nous ne défendons pas le crime, nous défendons la personne accusée à tort ou à raison du crime ». C’est tout à fait différent.
Notre rôle à nous est d’essayer de faire comprendre ce qui s’est passé, d’éclairer le chemin qui a conduit un homme semblable à nous à commettre un acte que nous réprouvons, et à éclairer ce chemin. Ce n’est pas un travail subversif que nous accomplissons, c’est un travail de prévention sociale. Si on a des gouvernants responsables, ce chemin étant balisé par nous, il leur suffit de mettre sur ce chemin l’écriteau « sens interdit », et de prendre des dispositions que pour personne ne l’emprunte.
Et donc, nous devons les défendre tous car nous avons ce privilège extraordinaire, les avocats, d’assumer l’humanité entière, d’être auprès de toutes ces personnes dans leurs malheurs, qui pourraient être le nôtre. Nous aussi, on peut conduire un jour en état d’ivresse ; nous aussi on peut commettre un jour une fraude fiscale, involontairement sans doute, nous même un jour on peut, si on est commerçant, faire de la cavalerie en attendant des jours meilleurs et le jour meilleur n’est pas arrivé. Tout cela c’est notre vie ! Nous aussi on peut être jaloux, nous aussi on peut être méchant et donc nous avons ce privilège d’assurer toutes ces vies-là.
Mais autant les gens comprennent qu’on fasse l’éloge d’Antigone, de Jeanne d’Arc mais défendre l’indéfendable d’aujourd’hui, c’est intolérable. Et alors, c’est notre boulot à nous, les avocats. Et d’ailleurs les meilleurs d’entre nous ne s’y trompent pas. Moro-Giafferi, le grand avocat de la troisième République en France, a défendu la bande à Bonnot ; il a défendu Landru. Albert Naud, a défendu Pierre Laval, il a défendu aussi l’étrangleur. Floriot a défendu le docteur Petiot, et Badinter a défendu Patrick Henry, auteur pourtant d’un crime épouvantable, la mise à mort d’un jeune enfant dans une affaire crapuleuse.
Mais sur le coup, les gens ne comprennent pas. On confond l’accusé et l’avocat et l’accusé et le crime. Alors nous sommes insultés, vilipendés ; on connaît la solitude, on connaît parfois les menaces parfois pendant la guerre d’Algérie, la mort. J’avais un ami à Paris Amokrane Ould-Aoudia. Un jour, on a retrouvé son cadavre dans le couloir de son cabinet. On a porté plainte, aucun résultat. Et puis quinze ans, après le colonel qui avait organisé l’assassinat a dit : « je l’ai fait sur l’ordre du premier ministre ». Mais alors, si on l’a assassiné clandestinement, c’est qu’on n’avait rien à lui reprocher. S’il avait commis une faute professionnelle, le conseil de l’ordre pouvait le suspendre. S’il avait commis une faute pénale, le juge d’instruction pouvait l’envoyer en taule. Non, il n’y avait rien de cela, c’était son discours qu’on lui reprochait ; et on l’a tué pour cela.
Mais tout cela, nous devons l’accepter. Parce que c’est le prix du privilège sans prix que nous avons d’assumer l’humanité entière. Les clients que nous défendons tous les jours ont les mêmes valeurs que les juges. Ils les ont violées dans un moment de folie, ou de faiblesse. Ils ne sont pas exemplaires, ils sont solitaires, personne ne se reconnaît en eux, ils sont pathétiques. Rien n’est plus pathétique qu’un homme, ou une femme, seul, se battant pour défendre ce qui lui reste d’honneur, sa fortune, la tranquillité des siens, le regard sur lui, son propre regard. Rien, ni l’amour -oui-, ni la guerre ne nous somme avec autant de violence de révéler qui nous sommes. Chacun de nous porte un masque, le masque de celui que nous voudrions être. Mais quand nous sommes entre deux gendarmes, face à des juges vêtus d’écarlate et de bonne conscience, ce masque tombe de lui-même et nous apparaissons tels que nous sommes, dans notre nudité et notre courage ou notre faiblesse. C’est lorsque le destin le broie, que l’homme révèle sa véritable essence.
Alors nous devons donc les défendre tous. Il n’y a pas de monstre, le monstre est encore un être humain. Il n’y a pas de chevalier blanc, parfaitement blanc, l’humanité est beaucoup plus complexe. Et on peut admettre la condamnation d’un homme, mais pas qu’on le traite comme un animal. C’est François Mauriac qui disait : « quelle que soit notre passion, ne jamais devenir des chiens de meute ». Les nazis disaient « il y a les hommes et les sous-hommes ». Le mot sous-hommes doit être chassé de notre vocabulaire, la notion même chassée de notre esprit, même quand on juge d’anciens nazis. Ce besoin d’humanité chez les hommes, chez les condamnés, fait partie de notre culture. Rappelez-vous ces vers de François Villon, La ballade des pendus :
Frères humains qui après nous vivez, N’ayez les cœurs contre nous endurcis, Car, si pitié de nous pauvres avez, Dieu en aura plus tôt de vous merci.
J’avais un ami, repris de justice et poète, ce n’est pas exclusif ! Il s’appelait Jean Genet. Lui aussi exprimait ce besoin d’humanité chez Le condamné à mort :
Ô viens mon beau soleil, ô viens ma nuit d’Espagne ! Arrive dans mes yeux qui seront morts demain. Arrive, ouvre ma porte, apporte-moi ta main, Mène-moi loin d’ici battre notre campagne.
Oscar Wilde, grand écrivain anglais d’origine irlandaise, avait été condamné il y a plus d’un siècle pour homosexualité, à cinq ans de travaux forcés. Voyez comment les temps changent : Oscar Wilde vivrait aujourd’hui, il serait la vedette adulée d’une merveilleuse gay-pride dans les rues de Londres ! A l’époque, c’était cinq ans de travaux forcés ! Donc, il purge sa peine à la prison de Reading et un jour les matons viennent lui dire : « on va te transférer demain à Londres, pour assister à la saisie de tes meubles ». Il appréhende ce jour-là, il sait qu’il y aura quelques dizaines de gens pour l’insulter. Effectivement, il se rend à son domicile, il y a quelques dizaines de gens qui le traitent de tous les noms de que vous devinez, et tout d’un coup, il voit dans la foule un homme plus grand, en haut-de-forme qui, le voyant, s’incline et le salue. Et il dit : « cet homme salue mon malheur, ce fut un rayon de soleil dans cette journée bien triste ».
En 1945, quand monsieur Pierre Laval, qui disait « je souhaite la victoire de l’Allemagne », a été fusillé, je n’ai pas porté son deuil, j’étais volontaire chez de Gaulle, mais j’étais tout de même ému quand j’ai lu ses dernières minutes. Il est au poteau, il tremble, non pas de froid mais de peur, il s’est suicidé la nuit d’avant, et on l’a ranimé pour pouvoir le fusiller lucide. Les jeunes soldats du peloton d’exécution le regardent comme une bête nuisible. Alors il s’adresse à son avocat, c’est toujours à l’avocat qu’on adresse : « je vous en prie, maître, approchez-vous, je voudrais avant de mourir voir la face d’un honnête homme. Son avocat était Albert Naud, ancien résistant. Ce n’est pas la face qu’il voulait voir, c’est le regard qu’il voulait recevoir, le regard de quelqu’un qui lui dit « je n’aime pas ce que tu as fait, mais tu restes un être humain, tu n’es pas une bête ».
Alors, quand nous aurons assumé toutes ces humanités-là, nous ressemblerons à ce serpent de la légende amazonienne, le serpent couvert de regards. C’est un serpent qui porte sur ses écailles les yeux de tous ceux qu’il a dévorés. Et ici, je dois vous faire un aveu, moi aussi je cannibalise les clients que je défends : à l’un je prends sa vertu, à l’autre son vice, à l’un je prends son courage, à l’autre sa lâcheté… Et ainsi, nous pouvons voir le monde mieux, dans sa complexité, qu’avec nos deux seuls pauvres yeux, un monde de miroirs et de doubles, ou notre vie se confond avec celle de tous les hommes.
Un procès est un lieu de métamorphose
Quand un homme, ou une femme, est dans l’épreuve, dans le malheur, il cherche à donner à ce qui lui arrive un sens, un sens valable pour tous. Si Anna Karénine était poursuivie aujourd’hui, elle plaiderait la libération de la femme. Si Richard III était poursuivi, il plaiderait la folie du pouvoir absolu. Et ici , nous voyons à quel point la fonction pédagogique du procès rejoint celle du théâtre. Mais Thomas de Quincey se trompait quand il faisait de l’assassinat un des beaux-arts. Le crime est muet, le crime ne parle pas. Les crimes affreux de Jack l’éventreur nous stupéfient mais ils ne nous disent rien. C’est comme le marbre, le marbre se tait, jusqu’à ce qu’un sculpteur en dégage la statue qui sommeille. Et le crime ne nous parle que jusqu’à ce qu’un poète, un jour, en dégage le sens. Et à ce moment-là, la valeur d’un crime, son importance, ne résulte pas de son poids de sang, mais de son poids d’esprit.
Et où souffle l’esprit ? L’esprit souffle au procès. Le procès est un lieu magique où rien ne se déroule comme prévu, parce que ce n’est pas une combinaison de forces matérielles dont on peut calculer les valeurs quantitatives, ce n’est pas une opération d’informatique. Un procès, c’est une opération où un homme, où une femme, seul, se bat avec son cœur, avec ses tripes, avec son passé, avec l’avenir dont il ou elle rêve. A partir de ce moment-là tout devient possible, tous les miracles deviennent possibles. Le procès devient fou. Les morts rajeunissent, les passions éteintes se rallument, les mémoires différentes s’interpellent.
Un procès est un lieu de métamorphose. Jeanne d’Arc arrive à son procès, elle est chef de guerre. Au cours de son procès elle va apparaître aux yeux de certains, comme une hérétique. Mais quand elle décide de mourir et de monter sur le bûcher, elle devient une sainte à jamais. Elle aura à l’écran tour à tour les visages de Renée Falconetti, de Jean Seberg, de Michèle Morgan ou d’Ingrid Bergman. Un procès est un lieu d’immortalité. Antigone va revivre, en 1948, à Berlin. Elle n’est plus princesse, elle n’est plus thébaine, elle est militante communiste elle et elle est allemande. Et Créon a une mèche sur le front et une petite moustache sous le nez. Mais Antigone reste Antigone et un procès, un lieu de rédemption.
Jacques Fesch
Jacques Fesch, fils de famille condamnée à mort, a été exécuté pour avoir tué un policier qui le poursuivait, après un hold-up manqué. Jacques Fesch est aujourd’hui, au Vatican, l’objet d’une procédure en béatification. Ah, puissions-nous demain dire : « Jacques Fesch, condamné à mort, exécuté et bienheureux ». Jacques Fesch avait un avocat que j’admirais beaucoup, qui s’appelait Paul Baudet. Rien n’est plus émouvant que les conversations entre Paul Baudet et Jacques Fesch. Paul Baudet : « Jacques, je mets ma misère au service de la vôtre ». Et Jacques Fesch lui répond : « que notre seigneur vous garde, jusqu’à mon dernier matin ». Et le dernier matin, Paul Baudet est dans la cour de la santé, au pied de la guillotine. Mais Jacques Fesch est devenu mystique en prison, il a tout son courage, il sait que le Christ a fait par son procès, qu’on appelle la passion, de la croix signe d’infamie, un signe de renaissance.
Et la chronique judiciaire nous apparaît ainsi comme une sorte de musée Grévin, ou des morts embaumés attendent, pour revivre, le regard plein d’empathie d’un artiste, poète, peintre ou musicien. Ou d’un avocat, si l’avocat sait être, à l’exemple de notre maître Apulée, de Carthage à la fois juriste et magicien. La beauté, disait Dimitri Karamazov est une chose terrible, c’est le combat de Dieu et du Diable ; et leur champ de bataille c’est le cœur de l’homme. Un homme apparemment assis au bord des assises. Aimé Césaire disait : « la justice attend à la porte du palais » ; il nous appartient à nous, avocats, de l’y faire rentrer.
O Jeanne sans sépulcre et sans portrait, toi qui savait que le tombeau des héros est le cœur des vivants
s’écriait André Malraux. Mais Jeanne avait eu un procès, un procès qui a donné un sens à sa vie à sa mort.
Des justiciables sans procès
Mais combien de justiciables n’ont pas eu accès à ce procès ? Alors, ils sont comme des âmes errantes, perdues dans le dédale de leur déni, de leur regret, de leur plainte, de leurs griefs, de leur impuissance, de leur solitude. Comme des oiseaux de nuit attirés par la lumière des phares, ils sont attirés par l’empathie de nos cabinets, ils ne nous quittent jamais. Pendant que je vous parle, ce soir, deux d’entre eux sont à mes côtés tout d’un coup, un vieillard et une jeune femme
Le vieillard avait hérité d’une entreprise familiale prospère, puis il avait fait de mauvaises affaires et avait dû déposer son bilan. J’étais son avocat devant le tribunal de commerce. Et voyez, un tribunal de commerce peut aussi être le lieu d’une tragédie. Un soir, il me prend à part et me dit d’une voix timide : “pourriez-vous faire un certificat comme quoi j’ai tout fait pour sauver l’entreprise ?.”
J’ai dit : “écoutez, je suis prêt à faire, pour vous, beaucoup de choses. Mais des choses grotesque et inutiles non ! Je suis votre avocat, je ne suis pas neutre dans l’affaire. On sait très bien que tout ce que je vais écrire est en votre faveur, vous m’avez versé des honoraires, je ne suis pas arbitre. Et qu’est-ce que vous voulez faire de ce certificat ?”
Ses yeux s’embuent de larmes, sa voix se prend dans sa gorge :
- le donner à mon fils.
- et qu’est ce qu’il veut en faire ?
- je ne sais pas, mais il m’a traité de vieux con et dit que j’ai ruiné la famille.
Son chagrin m’émut, je lui promis de faire ce certificat et de lui apporter quinze jours plus tard, quand je reviendrai dans sa ville. Quinze jours plus tard je débarque du train, ses amis m’attendent à la gare, pas lui. « Il est malade ? », leur demandai-je ? « Il s’est suicidé cette nuit », me disent-ils. Serais-je venu 24 heures plus tôt avec le certificat maudit, est ce que cela aurait évité la chose ? C’est une question que je me suis posée, à laquelle je n’ai pas de réponse.
C’est en pensant à ces personnes-là, qu’un jour j’ai eu le culot d’adapter des vers d’Aragon à mon propre usage
Que ma plaidoirie soit dans les lieux sans amour Où l’on trime où l’on saigne où l’on crève de froid Comme un air murmuré qui rend les pieds moins lourds Un café noir au point du jour Un ami rencontré sur le chemin de croix*
Mais je n’oublie pas pour autant mes autres clients, ceux qui chantaient dans les supplices, ceux qui riaient quand ils étaient condamnés à mort : Abderrhamane Taleb, Georges Ibrahim Abdallah, Béchir, dit Pascal torturé trois jours par la DST à Paris, pour le forcer à me dénoncer, qui s’y est refusé, et qui porte encore sur lui les séquelles de ce qu’il a subi. A ceux-là aussi, suivant Aragon, je dis :
Pour qui plaider vraiment en vaudrait-il à la peine Si ce n’est pas pour vous dont je rêve souvent, Et dont le souvenir, en moi, est comme un bruit de chaines La nuit s’éveillant dans mes veines Et qui parle à mon cœur, comme au voilier le vent.
Notes historiques
Jacques Vergès était un avocat français connu pour avoir défendu de nombreux clients controversés au cours de sa carrière. Il est né en 1925 à Donghai, en Indochine française, et est décédé en 2013 à Paris. Vergès s’est rendu célèbre en défendant des militants pour l’indépendance d’Algérie ayant commis des actes de terrorisme. Il a notamment défendu, puis épousé, Djamila Bouhired, devenue une icone du mouvement anti-colonialiste. Disparu de 1970 à 1978 sans que l’on ne sache encore aujourd’hui où il était, il est reparu et a été depuis l’avocat d’un grand nombre de figures notoires dont, notamment Klaus Barbie, le “boucher de Lyon” accusé de crimes de guerre pendant l’Occupation allemande de la France, Carlos, un terroriste. Jacques Vergès est l’auteur de nombreux livres ; il est le sujet d’un documentaire à succès, L’Avocat de la Terreur, de Barbet Schroeder, sorti en 2007.
Chapitre 1
Le Chevalier, la Mort et le Diable est une gravure sur bois de l’artiste allemand Albrecht Dürer, réalisée vers 1497. Cette œuvre est considérée comme l’une des plus célèbres de Dürer et l’une des plus importantes de la gravure sur bois de la Renaissance. Elle représente un chevalier à cheval, accompagné de la Mort et du Diable. Le chevalier, qui symbolise la force et le courage, est en train de traverser un pont en direction de l’inconnu, tandis que la Mort et le Diable le suivent de près. Selon certaines interprétations, l’image pourrait être une métaphore de la vie et de la lutte contre la mort. En tout cas, cette œuvre est considérée comme une réussite artistique pour son habileté technique et sa profondeur symbolique.
Antigone est une tragédie antique écrite par Sophocle vers 441 avant J.-C. Elle raconte l’histoire d’Antigone, une jeune femme qui défie les lois de son royaume et enterre son frère aîné, Polynice, malgré l’interdiction de son oncle et roi, Créon. Créon condamne Antigone à être enfermée à vie dans un caveau, mais elle préfère se suicider plutôt que de renoncer à ses convictions. La pièce explore les thèmes de la loyauté familiale, de la justice et de la confrontation entre l’individu et l’État. Elle a été adaptée et reprise de nombreuses fois dans l’histoire de la littérature et du théâtre.
Les Cenci est un drame romantique écrit par Percy Bysshe Shelley en 1819. Il raconte l’histoire de Beatrice Cenci, une jeune fille italienne qui est violée et maltraitée par son père, Francesco Cenci. Beatrice et sa famille complotent pour assassiner Francesco, mais ils sont découverts et condamnés à mort. La pièce explore les thèmes de l’oppression, de la rébellion et de la justice. Elle s’inspire de l’histoire vraie de Beatrice Cenci, qui a vécu au 16ème siècle en Italie.
Macbeth est une pièce de théâtre de William Shakespeare écrite vers 1606. Elle raconte l’histoire de Macbeth, un noble écossais qui, sous l’influence de sa femme et de prophéties de sorcières, assassine le roi Duncan pour prendre sa place sur le trône. Cependant, Macbeth est hanté par sa conscience et par la peur d’être découvert, ce qui le pousse à commettre d’autres meurtres pour maintenir sa position de pouvoir. La pièce explore les thèmes de l’ambition, de la culpabilité et de la corruption. La tragédie se termine par la défaite et la mort de Macbeth au combat.
Othello, est une pièce de théâtre de William Shakespeare écrite vers 1603. Elle raconte l’histoire d’un général mauritanien nommé Othello, qui est manipulé par son lieutenant jaloux et vindicatif, Iago, et qui finit par tuer sa propre épouse, Desdémone, qu’il croit infidèle. Le livre explore les thèmes de la jalousie, de la manipulation et de la confiance trompée. La tragédie se termine par la mort d’Othello et de Desdémone, ainsi que par la capture et la mort d’Iago.
Faust est un drame en deux parties de Johann Wolfgang von Goethe. La première partie a été publiée en 1808 et la deuxième en 1832. L’œuvre raconte l’histoire de Faust, un savant qui pactise avec le diable, Mephistophélès, pour obtenir tout ce qu’il désire. Faust est confronté à de nombreuses tentations et épreuves, et il finit par renoncer à son pacte avec Mephistophélès et trouver le bonheur. La pièce explore les thèmes de la connaissance, de la tentation et de la rédemption. Elle a été adaptée et reprise de nombreuses fois dans l’histoire de la littérature et du théâtre.
Don Juan est une comédie de Molière écrite en 1665. Elle raconte l’histoire de Don Juan, un jeune noble espagnol qui est célèbre pour sa séduction et sa débauche. Don Juan méprise l’amour et se moque de ses conquêtes, mais il finit par tomber amoureux de Dona Elvire, qui le rejette. La pièce explore les thèmes de l’amour, de la sexualité et de la repentance. Elle est célèbre pour son personnage principal, qui est devenu un symbole de la débauche et de l’arrogance masculine. La pièce a été adaptée et reprise de nombreuses fois dans l’histoire de la littérature et du théâtre.
Hérodiade est un roman écrit par le romancier et dramaturge français Henry de Montherlant en 1925. Il raconte l’histoire d’Hérodiade, une femme fascinante et dangereuse qui cherche à séduire et à manipuler tous ceux qui l’entourent. Le livre explore les thèmes de la passion, de la jalousie et de la séduction. Il s’inspire de l’histoire de la femme de Hérode Antipas dans la Bible, qui a été impliquée dans l’arrestation et la décapitation de Jean-Baptiste. “Hérodiade” a été adapté en pièce de théâtre et en film à plusieurs reprises.
Francesca da Rimini est une pièce de théâtre écrite par Dante Alighieri dans la première moitié du 14ème siècle. Elle s’inspire de l’histoire vraie de Francesca da Rimini, une noble italienne du 13ème siècle qui a été accusée d’adultère et de meurtre. La pièce raconte l’histoire d’amour illicite entre Francesca et Paolo, le frère de son mari, et elle explore les thèmes de la passion, de la trahison et de la rédemption. Francesca est devenue célèbre dans la littérature et le théâtre comme un symbole de l’amour passionné et interdit. La pièce a été adaptée et reprise de nombreuses fois dans l’histoire de la littérature et du théâtre.
Lolita est un roman écrit par l’écrivain russe Vladimir Nabokov en 1955. Il raconte l’histoire d’Humbert Humbert, un professeur d’université qui tombe amoureux de Dolores Haze, une fillette de 12 ans appelée Lolita. Humbert entame une relation illégale et obsessionnelle avec Lolita, qui le mène à travers les États-Unis. Le livre explore les thèmes de la perversion, de l’obsession et de la manipulation. Lolita a été adapté en film et en pièce de théâtre à plusieurs reprises et est devenu célèbre comme un classique de la littérature moderne. Il a suscité de nombreuses controverses.
Pasiphaé est une pièce de théâtre écrite par le romancier et dramaturge français Henry de Montherlant en 1927. Elle raconte l’histoire de Pasiphaé, une reine mythique de Crète qui est mariée à Minos, le roi, mais qui tombe amoureuse de l’homme qui est devenu le Minotaure, un être mi-homme mi-taureau. La pièce explore les thèmes de l’amour, de la passion et de la folie. Elle s’inspire de la mythologie grecque et de l’histoire de Pasiphaé, qui est connue pour avoir été la mère du Minotaure dans la mythologie. Pasiphaé a été adaptée en film et en opéra à plusieurs reprises.
Ernst Von Salomon était un auteur et journaliste allemand actif au début du 20ème siècle. Il est surtout connu pour son autobiographie de 1952, “Le questionnaire”, qui raconte ses expériences en tant que membre des Free Corps, un groupe de unités paramilitaires qui combattirent contre la révolution bolchévique en Russie et contre le parti communiste Spartacus en Allemagne après la Première Guerre mondiale. Le livre a été un best-seller en Allemagne et a été traduit en plusieurs langues.
En plus de “Le questionnaire”, von Salomon a également écrit plusieurs autres livres, dont “Les hors-la-loi”, qui raconte l’histoire de la Bande à Bonnot, un gang criminel français actif au début du 20ème siècle, et “Le voyage”, un roman sur un groupe d’Allemands qui voyagent en Union soviétique dans les années 1920.
Le facteur sonne toujours deux fois est un roman écrit par l’écrivain américain James M. Cain en 1934. Il raconte l’histoire de Frank Chambers, un vagabond qui tombe amoureux de Cora, la femme de Nick, le propriétaire d’un café. Frank et Cora complotent pour tuer Nick afin de pouvoir être ensemble, mais leur plan échoue et ils sont condamnés à la prison. Le livre explore les thèmes de l’amour, de la passion et de la culpabilité. Le facteur sonne toujours deux fois a été adapté en film à plusieurs reprises et est devenu un classique du roman noir américain.
Jorge Luis Borges était un écrivain argentin connu pour ses nouvelles et ses poèmes, ainsi que pour ses essais sur la littérature, la philosophie et l’histoire. Il a écrit de nombreuses nouvelles au cours de sa carrière, parmi lesquelles on peut citer “L’Aleph”, “Le Labyrinthe de la solitude”, “Le Livre de sable” et “Le Temple”. Ces nouvelles sont célèbres pour leur style virtuose et leur exploration de thèmes tels que l’imagination, la réalité, le temps et l’espace.
Caïn et Abel sont les deux premiers fils d’Adam et Ève mentionnés dans la Bible. Selon la Genèse, Caïn, le premier fils, était un agriculteur et Abel, le second fils, était un berger. Quand Dieu a accepté l’offrande d’Abel et a rejeté celle de Caïn, Caïn a été envahi par la jalousie et a tué Abel. Dieu a condamné Caïn pour son crime et l’a banni de sa terre. L’histoire de Caïn et Abel a été interprétée de différentes manières dans la littérature et l’art au fil des siècles, souvent comme un récit de jalousie et de fratricide. Elle a été adaptée en poème, en peinture, en musique et en film à plusieurs reprises.
David et Betsabée est un sujet fréquemment traité dans la littérature et l’art, qui se réfère à l’histoire de l’amour illicite entre le roi David de Juda et Betsabée, la femme de son général Uriah. Selon la Bible, David a commis l’adultère avec Betsabée et a ordonné à Uriah de se faire tuer au combat afin de couvrir son crime. L’histoire de David et Betsabée a été interprétée de différentes manières dans la littérature et l’art au fil des siècles, souvent comme un récit de passion et de trahison. Elle a été adaptée en poème, en peinture, en musique et en film à plusieurs reprises.
Les Frères Karamazov est un roman de Fyodor Dostoevsky écrit en 1880. Il raconte l’histoire de quatre frères, Dmitri, Ivan, Alyosha et Smerdyakov, qui sont tous en quête de sens et de vérité dans le monde. Leur père, Fiodor Pavlovitch Karamazov, est un noble dépravé qui les a abandonnés à leur mère avant de mourir. Le livre explore les thèmes de l’amour, de la fraternité, de la religion et de la moralité. “Les Frères Karamazov” est considéré comme l’un des romans les plus importants de la littérature russe et est devenu un classique de la littérature mondiale. Il a été adapté en film, en théâtre et en opéra à plusieurs reprises.
Dans le roman “Le Rouge et le Noir” de Stendhal, Julien Sorel est accusé et condamné à mort pour le meurtre de M. de Rênal, le mari de Mme de Rênal, avec qui il a eu une relation amoureuse. Cependant, il est innocent du crime et a été accusé à la suite d’une machination de M. de Rênal et de Mathilde de la Mole, avec qui Julien a également eu une relation amoureuse conflictuelle. Le personnage de Julien Sorel est un héros romantique et tragique qui lutte contre les obstacles sociaux et personnels pour réaliser ses rêves et trouver l’amour.
Monsieur Verdoux est un film de Charlie Chaplin sorti en 1947. Il raconte l’histoire de Henri Verdoux, un banquier qui a perdu son emploi pendant la Grande Dépression et qui décide de devenir un tueur à gages pour gagner de l’argent. Il tue plusieurs femmes riches qu’il a épousées et ainsi accumulé une grande fortune. Cependant, il finit par être pris et condamné à mort pour ses crimes.
L’Impératrice rouge est une pièce de théâtre écrite par Alexandre Dumas en 1852. Elle raconte l’histoire de Catherine II, l’impératrice de Russie connue sous le nom de Catherine la Grande. La pièce explore les intrigues et les complots de la cour de Catherine et les luttes de pouvoir entre les nobles et les ministres de l’impératrice. “L’Impératrice rouge” a été adaptée en film et en opéra à plusieurs reprises et est devenue célèbre pour son récit dramatique de la vie à la cour de Catherine la Grande.
Bonnie and Clyde est un film de 1967 réalisé par Arthur Penn. Il raconte l’histoire de Bonnie Parker et de Clyde Barrow, deux criminels ayant commis une série de crimes à travers les États-Unis pendant la Grande Dépression. Le film s’inspire de l’histoire vraie de Bonnie et Clyde et explore les thèmes de l’amour, de la passion et de la violence.
Fantomas est un poème écrit par le poète français Robert Desnos en 1929. Il s’inspire du personnage de Fantômas, un criminel masqué et déguisé créé par les écrivains Marcel Allain et Pierre Souvestre dans un roman-feuilleton publié en 1911. Le poème de Desnos explore les thèmes de la criminalité, de la folie et de la décadence à travers le personnage de Fantômas, qui est présenté comme un être sombre et mystérieux. “Fantomas” est devenu un poème célèbre de Desnos et a été adapté en film et en théâtre à plusieurs reprises.
Chapitre 2
Elio Vittorini, Les hommes et les autres est un roman écrit par l’écrivain italien Elio Vittorini et publié en 1951. Il vise à rappeler qu’il y a, en l’homme, de nombreuses possibilités inhumaines. Récit de résistance où les communistes s’opposent aux nazis et aux fascistes, Les hommes et les autres est à la fois un roman engagé et un texte expérimental et poétique. Il pose la question de l’humaine inhumanité et de la barbarie, mais aussi et surtout celle, incertaine, de l’engagement littéraire.
Djamila Bouhired était une militante algérienne pour l’indépendance de l’Algérie et une figure importante de la lutte contre la colonisation française. Elle est surtout connue pour avoir participé à des actions de sabotage contre les forces coloniales, pour lesquelles elle a été arrêtée et condamnée à mort en 1957. Sa peine a été commuée en prison à vie grâce à une campagne de soutien internationale. Bouhired a finalement été libérée en 1962, après l’indépendance de l’Algérie. Elle est devenue une figure emblématique de la résistance algérienne et a été honorée par le gouvernement algérien pour son engagement en faveur de la liberté et de l’indépendance.
Paul Teitgen : 1919-1991, résistant puis déporté pendant la Seconde Guerre mondiale, il fut secrétaire général de la préfecture d’Alger, chargé de la police générale pendant la guerre d’Algérie, entre août 1956 et septembre 1957. Il est issu d’une famille de démocrates chrétiens. Son père Henri Teitgen et son frère Pierre-Henri Teitgen, ministre de la IVe République, se sont engagés comme lui dans la Résistance.
Pierre Popie : un avocat libéral, hostile à l’Algérie française, assassiné par un commando de l’OAS le 25 janvier 1961 dans son cabinet du 2 rue de l’Abreuvoir à Alger.
Chapitre 3
Jacques Isorni était un avocat et un homme politique français. Il est surtout connu pour avoir été l’avocat du maréchal Pétain lors de son procès pour haute trahison en 1945. Isorni a défendu Pétain en argumentant que celui-ci avait agi pour protéger la France et sauver des vies en acceptant l’armistice en 1940. Cependant, Pétain a été condamné à la prison à vie et Isorni a été critiqué pour avoir tenté de minimiser les responsabilités du maréchal dans la collaboration avec l’occupant allemand pendant la Seconde Guerre mondiale. Isorni a également été député et sénateur, ainsi que président du barreau de Paris.
Vincent de Moro Giafferi était un avocat et homme politique français. Il a été député de la Seine de 1906 à 1914 et sénateur de 1922 à 1936. Giafferi était également connu pour être un avocat de renom et a notamment défendu des figures politiques et publiques célèbres, comme le maréchal Pétain et l’écrivain Dreyfusard Bernard Lazare. Il a également été président de la Ligue des droits de l’homme et membre de la Légion d’honneur. Giafferi est décédé en 1948.
La Bande à Bonnot était une organisation criminelle française active au début du 20ème siècle. Le gang était nommé après son leader, Jules Bonnot, et était connu pour être l’un des premiers groupes criminels à utiliser des automobiles et des mitrailleuses pendant leurs crimes. Le gang a commis une série de braquages de banques, de cambriolages et d’autres crimes entre 1911 et 1912 en France, ce qui a entraîné une chasse à l’homme et une série de confrontations avec la police. Les membres du gang ont finalement été capturés et emprisonnés, et le groupe a disparu.
Albert Naud était un avocat français qui a représenté Pierre Laval, un politique français qui a servi en tant que Premier ministre de France pendant la Seconde Guerre mondiale. Laval était une figure controversée qui a été accusée de collaboration avec le régime nazi et a finalement été jugée pour trahison après la guerre. Naud était membre de l’équipe de défense de Laval et a joué un rôle important dans sa défense lors du procès. Après la guerre, Naud a continué à exercer le droit et a été impliqué dans plusieurs affaires de haut niveau. Il est aujourd’hui considéré comme l’un des avocats les plus importants et les plus influents de l’histoire française.
René Floriot était un avocat français qui a représenté Petiot lors de son procès. Floriot était un avocat bien connu qui avait précédemment exercé en tant que procureur et était connu pour son expertise et son expérience dans les affaires criminelles.
Marcel Petiot était un médecin français qui a été condamné pour meurtre dans les années 1940 après qu’il a été découvert qu’il avait tué plusieurs personnes et s’était débarrassé de leurs corps dans sa maison à Paris. Petiot L’affaire Petiot et le rôle de René Floriot dans sa défense sont aujourd’hui considérés comme l’une des affaires criminelles les plus célèbres de l’histoire française.
L’affaire Henry est une affaire célèbre en France qui a impliqué le meurtre de Philippe Bertrand, un enfant de 8 ans, et la condamnation à mort de Patrick Henry pour ce meurtre. Son avocat, Robert Badinter, a fait de sa plaidoirie, une plaidoirie contre la peine de mort. Une fois devenu ministre de la Justice de François Mitterrand, Robert Badinter a présenté et fait voter l’abolition de la peine de mort en 1982. Cette loi a notamment abouti à la grâce de Patrick Henry pour ce meurtre.
Amokrane Ould Aoudia est un avocat algérien, assassiné le 23 mai 1959 devant la porte de son cabinet dans le 2e arrondissement de Paris. Cet assassinat aurait été effectué sur ordre des autorités françaises ; dans le film documentaire L’Avocat de la terreur, le colonel Raymond Muelle affirme que l’ordre de l’assassinat a été donné par le Premier ministre Michel Debré.
Anna Karénine est un roman écrit par l’auteur russe Léon Tolstoï, qui a été publié en 1878. Il raconte l’histoire d’Anna Karénine, une jeune femme de la noblesse russe, qui tombe amoureuse de l’officier de cavalerie Constantin Levin alors qu’elle est mariée à un homme riche et influent, Alexeï Karenine. Anna finit par quitter son mari et sa fille pour suivre son cœur, mais elle est confrontée à de nombreux obstacles et à la réprobation de la société. Le roman explore les thèmes de l’amour, la passion, la trahison et la rédemption, et il est considéré comme l’un des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature russe.
Richard III est une pièce de théâtre de William Shakespeare qui raconte l’histoire de Richard, duc de Gloucester, qui accède au trône d’Angleterre en complotant et en manigançant contre son frère, le roi Edouard IV, et ses frères et sœurs. La pièce se déroule dans la seconde moitié du XVe siècle, pendant les Guerres des roses, une série de guerres civiles opposant la maison de Lancaster et la maison d’York, pour le contrôle du trône d’Angleterre. Richard III est connu pour son personnage central complexe et fascinant. Il traite des thèmes de la trahison, du pouvoir et de la corruption qu’engendre le pouvoir absolu.
Thomas De Quincey était un écrivain et essayiste britannique du XIXe siècle. Il est surtout connu pour son ouvrage “Les Confessions d’un mangeur d’opium”, un récit autobiographique dans lequel il décrit ses expériences avec l’opium et ses effets sur son corps et son esprit. Il y décrit notamment, en détail, le fameux meurtre de Ratcliffe Highway, un crime qui a choqué l’Angleterre au début du XIXe siècle et qui a inspiré de nombreux écrivains de l’époque, notamment Edgar Allan Poe. De Quincey étudie également les motivations et les circonstances entourant d’autres meurtres célèbres dans ses essais sur la violence et la justice.
Jacques Fesch, 1930-1957. Issu d’une famille bourgeoise de Saint Germain en Laye, il est condamné à mort et guillotiné pour le vol à main armée suivi du meurtre d’un gardien de la paix, commis le 25 février 1954 à Paris. En prison, il devient mystique, écrit des textes spirituels et regrette son crime et tout le mal qu’il a causé. Il a été défendu par Paul Baudet, ténor du barreau de Paris, qui a joué un grand rôle dans le cheminement spirituel de son client. Le 24 décembre 1993, le cardinal Lustiger, archevêque de Paris, ouvre l’enquête préliminaire à la béatification de Jacques Fesch.
Maitre Apulée était un philosophe et écrivain romain du IIe siècle de notre ère. Originaire de Carthage, en Tunisie, il est considéré comme l’un des grands écrivains de l’Antiquité romaine. Apulée est connu pour son ouvrage “Les Métamorphoses” ou “L’Asne d’Or”, une satire de l’érudition et de la superstition de l’époque. Apulée y raconte l’histoire d’un personnage nommé Lucius qui se transforme en âne après avoir été ensorcelé. Le livre est considéré comme un chef-d’oeuvre de la littérature latine et a été traduit dans de nombreuses langues.